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29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 00:00

Dans les cercles arthritiques

On se fait dithyrambique

Pour des mots un peu fanés

 

Des boutades amnésiques

Peuplées d’airs nostalgiques

Qui finissent dans les prés

 

Mais on guette, l’air atavique

L’air de rien, un peu distrait,

 

Consultant les rubriques

Qui cette fois va remporter

 

Le concours de l’année

De la revue nécrologique

 

Le souvenir assuré.  
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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 22:58

Dans la fureur des catacombes, l’attention est à son comble. Dans la travée bondée du caveau, tous les invités sont rassemblés pour assister au combat du siècle.

Francs fossoyeurs et goules associés, squelettes en goguettes, âmes damnées, démons hurleurs, esprits frappeurs, ronds créanciers, tout le monde s’est déplacé. Même les succubes, pourtant bien occupés, ont débauché pour la soirée.

Tout à coup la lumière tombe, et le silence se fait. Dans la pénombre scintillante, sur le dais de jais, renaît glorieusement des ombres, le Roi des Tombes. Une révérence à l’assemblée, et le voilà fin prêt.


« Quel plaisir, mes frères et sœurs, de vous voir ici rassemblés. Je suis, vous le savez, un joueur patenté. Aussi je n’ai pu résister au défi qui m’était lancé. Pensez donc, un adversaire d’une telle envergure !

Mais ne laissons pas le suspens durer. Je vous demande d’accueillir comme il se doit notre invité ! »

La foule en délire se met à applaudir, à siffler, à hululer ! Pourtant l’invité semble tarder. Dansant des métacarpes sur la hanche blanchie, le Roi des Tombes commence à s’impatienter.

« Qu’est-ce à dire ? M’aurait-on menti ? On m’avait pourtant assuré de sa présence !. Je ne suis pas homme à patienter, Je suis connu pour ça, vous savez ! »


La foule, dépitée, commence à racler du pied. Un lapin, de la part d’un humain, on n’a jamais vu ça ! Et si il ne venait pas ? Le bruit court dans la travée, enfle, s’étend, prenant ses aises, et entame son invasion, véritable mur de son à l’assaut des voûtes écrasées.

« Silence ! Crie, courroucé, le Roi des Tombes. Puisque c’est comme ça, je m’en vais. On ne m’a jamais fait pareil affront ! A l’heure venue, je saurai le faire payer ! »

Et brandissant sa faux, il fend en un éclair le grand échiquier qui tremblait dans l’aire pour la joute instituée, et disparaît.

 

Du fond de sa cellule, sombre et taciturne, le grand Kasparov n’en finit pas de pester contre le destin qui lui aura fait manquer le match de sa destinée.

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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 00:00

Cri de mandoline,

éclat de crinoline


La demoiselle de faïence

a le coeur en balance


pour le grand argentier

qui trône, quelle élégance

dessus la cheminée.

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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 23:36

Sans souci de la fable,

contempler l’ineffable

et puis le pigmenter.


Sans crainte du risible,

Rechercher l’indicible,

Pour mieux le relater


Sans peur de la critique

condamner l’utopique

à se réaliser


Mais toujours, chimérique,

conserver l’onirique

comme porte d’entrée


Pour que châteaux de sable

restent sièges d’odyssées

sublimes et mémorables,

et que subsiste l’idée


Pure et impérissable,

uchronie évadée

d’une quête improbable,

l’idéale esquissée

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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 00:00

Succombant, l’incube suppose

Qu’il incombe à succube d’imposer


Supplice imprimé aux suppôts,

Implicite supprimé, l’impôt


Incroyable et stupréfiant

De l’insupportable Asmodée.

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 19:45


On le croyait sur le fil

Tant il avait sale bobine

Pourtant il a remporté la manche

Battant à plates coutures

Ses adversaires au dé.

C’est qu’il a du métier

Le chirurgien du dimanche

Un vrai patron !


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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 00:00

L'airain en feu, envie de biaiser...


D'un coup d'oblique un peu vicieux, 

le fou entre dans l'arène

sous l'aile d'un cavalier malicieux,

pour s'amuser prend la reine,


et joue aux dames.


Empêtré dans sa tour d'ivoire, 

le roi, impuissant, broie du noir :

lui qui croyait à victoire

s'est fait damer par un fou.


Quel drame! 


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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 23:53


Démone au logis,

Sacre y fit :

Marris dévôts

en chats sots,

Sorcière,

Elle changea.


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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 00:00




Tout a commencé par un « pop » retentissant. Alors que je béais douillettement dans le clapotis des touches du clavier, sous le ronronnement catarrheux d’une climatisation en fin de vie, survint, bouchon de champagne lancé en orbite par une Ariane souffreteuse, une déflagration, puis plus rien.
 

D’abord tenté par l’acouphène commun, événement répandu dans la vie de bureau, je dus bientôt me rendre à l’évidence. Je semblais frappé de surdité, à en croire mon supérieur qui s’époumonait à me sacrifier les tympans. Pourtant, un sentiment fugace me titillait l’oreille.

Au vu de la mine déconfite et énervée dudit supérieur, il semblait bien que je ne sois pas le seul à être devenu soudainement dur d’oreille. Tentant une approche pragmatique, je décidais de mettre à l’épreuve ma thèse, en faisant tomber mon mug sur le sol. Rien. La règle en fer, le téléphone, une pile de dossiers ? Toujours rien. L’ordinateur ?
Le regard furibond de mon chef mit là fin à l’expérience, mais n’empêche : il semblait bel et bien que nous soyons devenus sourds. Manifestement tout l’open space semblait frappé du même mal, et à en juger par les tâches de café qui jonchèrent bientôt le linoléum de l’entreprise, mon idée avait fait du chemin.


C’est en cherchant fébrilement une explication sur Internet que nous fîmes une découverte qui allait changer nos vies : ce matin du 30 janvier à 9h41, le monde avait basculé dans la surdité la plus totale.

Rien, du pépiement des oiseaux au bourdonnement des rues, du ronflement des grues au chant approximatif des animateurs erratépistes, plus rien ne passait dans nos cavités auditives, plus rien ne faisait résonner le petit marteau ou l’encornet qui nous servaient d’esgourdes.
Rien, nada, les portugaises ensablées, sourds comme des pots, dans les chous, tout le monde dur de la feuille.


Heureusement, le gouvernement fut prompt à réagir. Dès midi, un message écrit de Matignon annonçait la mise en place d’un couvre-feu, le déploiement de l’armée « dans le calme et le silence », afin de maintenir la paix civile le temps que les oto-rhino-laryngistes et autres mécaniciens des oreillettes, réunis en congrès extraordinaire, trouvent, sinon une solution, du moins la cause du mal.

Suivait un court message du Ministère de la Santé annonçant la fin des allocations pour les tout nouveaux anciens malentendants, tandis qu’une motion proposant la prise en charge partielle de l’apprentissage du langage des signes devait être proposée avant 24 mois au parlement européen, pour avis consultatif.


Dans ce monde du silence imposé, nous étions bien dépourvus. Comment travailler? Comment se repérer sans ces sons familiers qui animaient nos journées? Comment communiquer avec nos proches, nos amis, notre facteur? Quid du bonjour balbutié dans l’ascenseur ? Quid de la symphonie malapprise sifflotée sous la douche ?


D’une gêne, ce devint bientôt un calvaire : explosion du nombre d’accidents de la route, paralysie de l’activité, effondrement de l’industrie du disque et de la téléphonie, rien ne nous fut épargné. 

Les grands experts qui devaient nous sauver, perdus en séminaires oiseux et noircissant à qui mieux mieux des tableaux noirs pour se faire entendre, finirent bientôt par sombrer dans l’indifférence la plus totale, ne sortant de leurs chaires que pour réclamer des crédits supplémentaires.
On leur renvoya un formulaire à remplir en triple exemplaire, cela les tint occupés.

 

Avec le temps, nous finîmes par nous habituer à nos vies sans voix, et de ce handicap partagé sembla naître une nouvelle solidarité, bien obligés que nous étions de nous manifester physiquement pour exister.

Au printemps, nous vivions comme si cela avait toujours été. Charlie et Buster renaissaient des cendres aux affiches des cinémas de quartiers, on redécouvrait le plaisir des billets – doux, volés, poétiques à leurs heures – Même les mémos lâchés par les directions prenaient un autre ton. Comme si, en compensation de notre perte auditive, nous avions finalement gagné un supplément d’âme.
Bien sûr restait le problème des mimes de métro qui venaient mendier quelques tickets restaurants contre une pathétique mise en boîte, mais bon, on ne peut pas tout avoir.

 

En ce beau moi de mai où les manifestations silencieuses défilaient sous un soleil encore timide, je décidais de consacrer ma journée à revisiter, le temps d’un rêve, les grandes heures du cinéma muet. Quelle joie de redécouvrir « La ruée vers l’or » dans son paquetage originel, sans chichis, sans grain de sel, dans la pureté de l’image projetée, et le génie du créateur !

Tout absorbé que j’étais par la lanterne magique, c’est à peine si je remarquais l’étourdi dans la salle et son paquet de pop corn, la main farfouillant goinfrement  dans le seau dans un « Crunch-crunch » tonitruant.

Mais mon monde s’effondra quand, dans un silence de cathédrale, une salle excédée lui répondit d’un « Chut !» monumental.


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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 00:00

A l’orée du bois des roches vivait retranché un vieux capitaine d’armée en retraite.

 

Sa masure n’avait pas fière allure. Tout, des murs de mortier au toit obtus, tout en général, semblait en déroute. Mais, du promontoire, il pouvait dominer les feux du village, et les chemins, et les routes.  A côté de sa cahute poussait un fusilier. A bout, l’arbre tirait pourtant quelques balles perdues dans les rangs de feuilles mortes, gigantesque charnier qui infestait son camp.

 

Le vieux capitaine passait ses journées à inspecter, armé d’un bon galon d’eau de vie, ses troupes de scolopendres, pour choisir lequel il allait pendre. Et quand il en trouvait un bon gros bien gras et tout crotté, il le secouait en riant jusqu’au mur des condamnés, et pour se donner du cœur à l’ouvrage, reprenait du galon.

 

Parfois quand le temps se faisait gris et enfumé, on l’entendait jusque dans la vallée chantonner « l’amour du fossoyeur », sa ballade préférée. Mais c’est sous l’orage qu’il prenait son pied, dans la fureur du tonnerre il repartait à la guerre, hurlant « Pas de quartier ! » quand tombait un éclair.

 

Un soir qu’il tentait d’échapper à la débâcle du rû qui bordait son Q.G., il se vit emporter, et finit noyé. La communauté, reconnaissante, décida pour lui d’ériger un monument place du marché. Mais le jour de l’enterrement, à l’heure de la mise en terre, l’on vit arriver une armée de scolopendres en rangs serrés.

 

Au garde à vous, briqués de frais, les insectes en armure se mirent à défiler autour de la foule, exécutant d’un pas cadencé les manœuvres tant aimées du capitaine disparu. Puis, passant un à un devant la tombe, dernier hommage au condamné, on les vit cracher.

 

Triste fin du capitaine obsédé. A trop chercher l’ordre, il avait perdu le respect. Et les scolopendres reprirent le chemin de la liberté.


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