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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 00:00

Elle vivait un empire brûlant d'obsolescence
et ses yeux de saphir brillaient de décadence
quand aux petits salons elle faisait allégeance
à de vulgaires barons bardés de suffisance.

Lui n'était qu'un brave, un laquais pudique
et son regard trop slave rêvait de République
A ses heures libres, en bon révolutionnaire
il compulsait les livres de grands pamphlétaires.

Mais les soirs anxieux, de sous les fenêtres
il guettait haineux la valse des traîne-guêtres
qui à sa noble aimée venaient faire outrance
et mouillait le pavé de ses pleurs, en silence.

Une nuit, cocardier, alors qu'il était ému
le coeur enfiévré, sans doute d'avoir trop bu
il s'éprit d'aller contre sort conquérir la belle
et s'en fut à l'aurore pénétrer son hôtel.

Funeste dessein, car pour son grand malheur
au salon byzantin la belle jouait l'artilleur
avec un maréchal bouffi et rougeaud
qui dans le râle soufflait tel un veau.

Le pauvre enfant, lui qui était bleu de coeur
à cette vue devint blanc, puis vit rouge
se jeta sur l'emmédaillé, ivre de fureur
s'emmêlant les pieds aux tapis de ce bouge

pour s'effondrer, d'un coup de tisonnier
administré par la belle, rageuse, échaudée 
d'être en pleine bagatelle ainsi importunée
par un roturier, pue la sueur, sans deniers.

On eut tôt fait, pour son bien, d'étêter le vilain.
Au procès, l'air éteint, il se prostra, ne dit rien
mais à l'heure du couperet, montant sur l'échafaud
il lâcha l'air distrait : aimer, quel vilain mot.

La belle, quant à elle, reprit ses activités
dans les ors, les dentelles, la haute société
Parmi les ducs libertins, les comtes, les abbés
sévit tant et si bien, qu'elle finit vérolée.


Triste histoire en vérité :
à aimer sans classe, on y perd la tête,
mais à coeur de glace, brève est la fête.









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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 21:52
Sous les pavés, Paris fleurit
de Nation à Bastille, à pas alanguis
défilent sous la rose et le muguet
porteurs de rêves en mois de mai

Sous les pavés, Paris flétrit
Aux caves moroses et sans envie
défilent nécrosés, à l'aguet
des visages pâles en bord de quai

Paris Boulevards, Paris la gloire
noyée de soleil aux Champs Elysées
et pour les moins bien lotis
Paris camping, quai de Valmy.
 
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25 avril 2009 6 25 /04 /avril /2009 00:00
Graissant les pattes, l’air raffiné, il gave les huiles à pas feutré.

Regard pétrole sur ses cités d’or, il fore, sonde, met la main à la poche,
empoche en off-shore produits dérivés, pompe et draine sans relâche
tous les pipelines de vies privées.

Son univers, sans bruit, est sanguinaire, impitoyable et adultère,
super, puissant, total ! Loin des hères aux mines de plomb
qui quêtent en vain dans leur misère les sens ordinaires,
lui se repaît et se hâle.

L’oléo-duc est cannibale.
 
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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 17:16
Il me sourit de toutes ses dents
et déjà au loin j'entends
l'écho grave et lancinant
d'un thème au rythme océan
façon rengaine et bain de sang 

L'hymne à la mer carnassière


 
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4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 00:00
Flottant dans l'air gras,
un zeste de savon, 
et beaucoup de sueur
de l'ail en fumet, 
comme cuit à l'étuvée
dans de vieux draps,
et pour couronner
ce délicieux bouquet, 

une nausée matinale
lâchée à contrecoeur
sur les ballerines
d'une charmante à demeure
persuadée dans son tort
qu'il est de bon ton
d'associer au matin
vertes floraisons
et mauvaise hygiène buccale 

"Pour vous gente damoiselle,
cette gerbe posée à vos pieds.
Puisse-t-elle égayer de couleurs
cette pâle journée."
Triste matin, matin banal,
sans perdre le temps
d'attendre le printemps,
les odeurs font leur travail.
 

 
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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 00:00

Perdu dans tes prunelles

dérivant au gré des flots

qui s’agitent, tanguent pêle-mêle

une invite à fleur de peau

 

Horizon charnu, charnel

exprimer l’absence de mots

le vertige atemporel

dont nos corps se font échos

 

levant l’ancre soudain mes lèvres

à tes lèvres viennent s’arrimer

pour pallier la peur, la fièvre

de se garder séparés

 

Voilà le désir s’emmêle

et nos cœurs font le gros dos

craignant que cet archipel

ne leur fasse prendre les eaux

 

eaux turpides, gorgées de sels

de nos peurs, de nos défauts

de nos souvenirs infidèles

nos avenirs sans scénario

 

mais pour l’heure, ma tendre, ma belle

laissons donc porter les flots

je me perds dans tes prunelles

et ta bouche est mon vaisseau 
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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 13:56

Le pigeon qui aimait les passages piétons

passait son temps à Odéon 
à guetter le bonhomme vert
pour traverser, le regard fier,
le popotin faisant des bonds

Le pigeon qui aimait les passages piétons

était plutôt un solitaire
au regret de ses compagnons
qui passaient leur vie queue en l’air
à jouer les chasseurs d’aviation

Le pigeon qui aimait les passages piétons

lui, n’en avait que faire
ce qu’il aimait, c’était la terre
circuler entre les souliers
et sur le chemin, roucouler

Le pigeon qui aimait les passages piétons

a fini d’une drôle de façon
faisant de l’œil à un passereau, 
qui tapinait dans le caniveau, 
a traversé sans regarder…

…Et a fini en paillasson.

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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 10:40

A contre-jour, en contretemps,

on contrejoue, joue contre joue,
 

les contre-coeurs en contre-feux

d'un contre à contre qui nous unit

 

contrefaite idylle, le temps d'un tango

contraint et contrit, une vraie contredanse.

 

 

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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 00:00

16 ans sur ses guiboles, Anatole aimerait être branché, hype, regard en coin, sourire Biactol. Oui mais voilà, y a un problème chez Anatole, il sait pas faire son people. Quand il essaie la mousse coiffante, le gel, il a pas le truc. En soirée, il met de la laque pour éblouir les filles, mais il les aveugle tellement il brille. Il a tenté la mousse, c’est sympa, mais ça se croise mal avec le cheveux gras. Il sait pas faire Anatole, il a pas de bol.

Pourtant il aimerait bien avoir l’esprit, être fashion, tendance trendy. Mais quand il va traîner dans les boutiques à Paris, il a beau faire, il ressemble à rien. L’autre jour il a tenté le Slim pour faire bien. Dans le miroir, en face de lui, y avait quelque chose de kafkaïen.

Alors il passe ses samedis soir dans le salon, à engouffrer des cornichons pendant que ses potes du lycée vont draguer. Et sa mère de lui demander : t’a mangé ton pain au chocolat ? Pendant qu’il explore d’un doigt gras une cavité nasale, vautré devant Canal. C’est plein de vitamines d’enfer, même s’il est pas sûr qu’il y ait des vitamines en enfer. Ou que l’enfer, ça ne soit pas son salon, ou sa vie, ou son lycée.

 

Pourtant c’est pas un loser Anatole, il a une vraie personnalité, comme on dit dans « Nouvelle idole ». C’est vrai que ses amis, c’est pas des amis, c’est des voisins. Mais ils ne comprennent rien.

Comment leur expliquer que ce qui le fait tripper, lui, quand ses parents sont partis, c’est de se faufiler dans la chambre et d’aller essayer les costumes de son père ? Avec la raie à gauche il a le regard fier, il se sent tellement bien. Ça lui arrive même en douce d’écouter du Chopin, en lisant le Figaro. Mais si on le savait il serait définitivement grillé. Déjà que les filles lui rient au nez.

 

Alors il attend Anatole, il attend le jour où, sortant de sa grande école, il pourra mépriser, méchu et diplômé, tous ces mômes qui l’ont charrié. Et à il aura gagné : gagné le droit d’être aussi fat que ses compères, aussi bas que ses confrères, aussi con que ses parents l’auront élevé. Vautré devant la télé, Anatole attend la réalité.

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28 février 2009 6 28 /02 /février /2009 23:49

Sifflant, suintant, le corps amidonné de miettes

il souffle quelques braises, remonte ses bandelettes

se regarde un instant dans les reflets cuivrés

puis retourne au sarcophage se coucher

 

attendant, millénaire, l’intrépide vandale

qui viendra sans un bruit à travers les dédales

l’enlever du tombeau, l’emmener aux étoiles



Non loin, dans son urne canope,

 son cœur gercé rêve de liberté.
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