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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 17:29

Depuis quelques temps je n’étais plus moi-même. Hagard, les traits tirés, je traînais la semelle. Si je gardais la tête dans les étoiles, mon corps, lui, se faisait porter pâle. Et si mes idées savaient me sustenter, lui ne rêvait que de soleil et de cocotiers. Aussi pour ne pas le surmener, j’ai décidé de lui donner congé.

 

Alors mon corps s’est absenté pour aller faire la bringue. Il voulait voir Rio, le carnaval, aller danser. Pas de problème, lui ai-je dit, fais-toi plaisir. A la réflexion je n’aurai pas du le dire. Il a fait ses bagages, on s’est embrassés, je lui ai souhaité bon voyage, et on s’est séparés.

 

Quand il est revenu, il a eu beau faire semblant de rien, j’ai bien vu qu’il avait changé. Plus mince, c’est vrai, plus élancé, la peau douce et bronzée, la cuisse ferme et galbée. Pourtant dans mon anatomie quelque chose me tracassait, de manière insistante, comme un ongle incarné.

Car enfin, en matière carnée, il manquait tout de même quelques attributs auxquels j’étais attaché. A mes questions de plus en plus pressantes, il fût bien contraint de répondre. Il avait troqué, m’expliqua-t-il à contre-cœur, quelques morceaux de chair qu’il jugeait incongrus, contre une poitrine ferme et imberbe, qui lui avait convenu.

Abattu, décontenancé, je ne pouvais m’empêcher de m’écrier : « tu aurais pu me consulter avant le chirurgien, mon avis sur la question ne vaut donc rien ? Le coup des cils, passe encore, mais là ça va trop loin ! » C’est là que les larmes ont commencé.

 

Depuis, on est en froid, on n’ose plus se regarder. Quand on se croise dans le miroir, on essaie de s’éviter. Bien sûr qu’il est plus belle, cela je ne peux le nier, mais jeter tout à la poubelle pour être mieux balancée… J’ai beau faire des efforts pour nous réconcilier, explorer ma part féminine, rien n’y fait. Nous ne sommes plus en accord, et il ne fait que s’éloigner.

 

Les choses ne font qu’empirer. Maintenant, il veut que je l’appelle elle, et moi, je voudrais continuer comme si de rien n’était. Chaque matin c’est la guerre quand il s’agit de s’habiller, entre un jean bien lâche et un tailleur griffé. Je ne supporte plus ses diètes forcées, et elle, il faut l’admettre, mes manières de garçon manqué. Et dehors, toujours, les regards, moqueurs pour la plupart, ou pires, intéressés.

 

Il y a quelque chose de pourri au royaume de moi-même. Je crois que mon corps et moi, on va divorcer.

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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 17:27

Comptine d’un continent sans contenu

Aux céans de sables sanglants

Ocres et cuivres brûlants

Des confins du bush l’australe île s’étend

 

D’uranium en bars à mines

Lièvre trépidant, galopant

A ses flancs arides s’accroche l’homme blanc

 

Songe de l’homme sage

Abominable homme des rêves

Moutonnier exploitant sans vergogne

Le désert flamboyant

 

Juste un rêve

 

Sépia de craie aux traits ardents

Ourovore et égocide

Serpent attend l’éveil

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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 17:23

J’ai acheté une boite à couture, pour y ranger mes trous de chaussettes,

mes trous de mémoire, mes coups durs, et tout ce qui me passe par la tête.

 

J’y ai placé mes fils d’espoirs, mes filles de joie, mes nerfs en pelote,

et un ruban thermocollant pour les règles de la belote.

Un crochet par la boulangerie, pour pas oublier les croissants,

et des aiguilles à fricoter, pour pas oublier les passantes.

 

Maintenant quand je perds le fil, ou la morale, ou mes lacets,

je prends vite ma malle à tailleur pour aller voir ce qui s’y est passé.

Je déballe tout, pièces et renforts, je fais le tri dans mes pensées,

je classe, je range, je brode un peu, puis je remets tout dans ma bobine.

 

Et surtout je ferme à clé.

 

C’est bien pratique une vie en boîte, et c’est facile à transporter.

En plus, le jour où je m’en lasse, j’ai le ticket de caisse pour l’échanger.

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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 16:58
Voila.

Me voici donc à mon tour, bercé par le chant des sirènes des réseaux interactifs, décidé à mettre sur la toile mes atermoiements personnels, glorieux prototype de notre égotique société. Mais pourquoi, pourquoi me direz-vous, si tu rechignes l'exercice, aller polluer un peu plus un cyber-espace déjà trop encombré par le tout à l'égo?

Ce n'est sûrement pas, dans un élan Warholien, que je cherche à imposer un quart d'heure de postérité (il faut se méfier de la postérité, elle ne touche que les trépassés), mais plutôt que las de laisser croupir mes textes dans un silence forcé, j'ai envie de les voir confrontés.

Avis donc aux amateurs, huez, applaudissez, faites les deux si vous le voulez. Paré d'une verve inégale, je soumets (non sans mal) aujourd'hui le fruit de mes pensées. Certaines sont déjà patinées de quelques lectures, d'autres ont encore l'éclat virginal de la nouveauté, mais toutes sont issues de ma plume ébréchée.
 
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