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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 21:51

Au bord du gouffre 

 d'une rive à l'autre 

 tremblant fil de soi 

 

tangue et bascule 

 tarantelle tarentule 

 l'araignée au plafond 

 

ses pattes longueset fines 

 dansent et virevoltent 

 dessus le néant 

 

brodeuse aguerrie 

 experte en céans 

 elle joue et ondule 

 

Puis s'arrête 

 ses yeux globuleux 

 fixent sans oser 

 

l'interruption brulante 

 qui vient précipiter 

sa chute 

 

Tournicotis fragile 

dans l'immensité 

suspendue, précipitée 


s'emmêle les pinceaux 

et perd le fil 

la danseuse agile 

 

Funèbre funambule 

de soies sera tissé 

hommage minuscule 

 

un linceul de pensées 

quant au bout du rivage 

écloront sauvages 

 

danseuses acharnées 

tissant sans relâche

les filles de l'araignée.


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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 23:11
Au tripot trapu
trémoussoir à traînées
tangue et titube, instable
Le tentacule air
d'une tarentelle tordue

Tremblottants trémolos
la trille tremble, et s'étreint
à l'oeil turpide
de terreurs atrabilaires
torpillées de tristesse

Elle tournoie, s'éternise,
entre trafiquants de trèves
et tailleurs de trachées
tiraillant au trépan
de tortueux tréfonds

Puis trébuche et s'éteint,
tragique, laissant terrassées
et transies Les terreurs
entropiques

Terne territoire, territoire tari,
au tripot trapu,
trémoussoir a traînées
Les airs tendres tardent
à traits passés

trop de sable...

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 20:54
Une langue de bitume, chargée de mégots crevés
Un regard plein d'amertume qui vient clopiner
c'est le regard d'une brune, occupée à tapiner
cœur perdu dans la brume, et sourire enfumé.

Entre les ilôts de lune de néons affamés
glissent, posthumes, prolos et paumés
toute une clique importune de toquards, de camés
les lèvres pleines d'écume, venus se pourlécher

Soudain, affolés, on s'agite, on s'égaie
et la nuit, glacée, tout à coup bégaie

sous les coups de butoir de chausses ferrées
c'est le triste claquoir de la maréchaussée 
venue sans vergogne ses amours déclarer
à une pauvre cogne restée là sans broncher

Triste besogne, dans les ombres menée
sans désir, en ivrogne, et sans même un baiser
d'un coup de trique la belle est remerciée
et d'un rire gastrique s'en part le policier

pour se jeter tout cru, imbécile intégral
contre la lame nue d'un pauvre marginal

Et la flaque visqueuse qui bientôt se répand
se prend, en amoureuse, mais à contretemps
à sourire à la brune, à lui faire du pied
quand sur le bitume elle reprend ses quartiers.
 
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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 00:00

Elle vivait un empire brûlant d'obsolescence
et ses yeux de saphir brillaient de décadence
quand aux petits salons elle faisait allégeance
à de vulgaires barons bardés de suffisance.

Lui n'était qu'un brave, un laquais pudique
et son regard trop slave rêvait de République
A ses heures libres, en bon révolutionnaire
il compulsait les livres de grands pamphlétaires.

Mais les soirs anxieux, de sous les fenêtres
il guettait haineux la valse des traîne-guêtres
qui à sa noble aimée venaient faire outrance
et mouillait le pavé de ses pleurs, en silence.

Une nuit, cocardier, alors qu'il était ému
le coeur enfiévré, sans doute d'avoir trop bu
il s'éprit d'aller contre sort conquérir la belle
et s'en fut à l'aurore pénétrer son hôtel.

Funeste dessein, car pour son grand malheur
au salon byzantin la belle jouait l'artilleur
avec un maréchal bouffi et rougeaud
qui dans le râle soufflait tel un veau.

Le pauvre enfant, lui qui était bleu de coeur
à cette vue devint blanc, puis vit rouge
se jeta sur l'emmédaillé, ivre de fureur
s'emmêlant les pieds aux tapis de ce bouge

pour s'effondrer, d'un coup de tisonnier
administré par la belle, rageuse, échaudée 
d'être en pleine bagatelle ainsi importunée
par un roturier, pue la sueur, sans deniers.

On eut tôt fait, pour son bien, d'étêter le vilain.
Au procès, l'air éteint, il se prostra, ne dit rien
mais à l'heure du couperet, montant sur l'échafaud
il lâcha l'air distrait : aimer, quel vilain mot.

La belle, quant à elle, reprit ses activités
dans les ors, les dentelles, la haute société
Parmi les ducs libertins, les comtes, les abbés
sévit tant et si bien, qu'elle finit vérolée.


Triste histoire en vérité :
à aimer sans classe, on y perd la tête,
mais à coeur de glace, brève est la fête.









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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 13:56

Le pigeon qui aimait les passages piétons

passait son temps à Odéon 
à guetter le bonhomme vert
pour traverser, le regard fier,
le popotin faisant des bonds

Le pigeon qui aimait les passages piétons

était plutôt un solitaire
au regret de ses compagnons
qui passaient leur vie queue en l’air
à jouer les chasseurs d’aviation

Le pigeon qui aimait les passages piétons

lui, n’en avait que faire
ce qu’il aimait, c’était la terre
circuler entre les souliers
et sur le chemin, roucouler

Le pigeon qui aimait les passages piétons

a fini d’une drôle de façon
faisant de l’œil à un passereau, 
qui tapinait dans le caniveau, 
a traversé sans regarder…

…Et a fini en paillasson.

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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 00:17
Le serrurier un peu pataud tangue, penche, se gratte la tête, s’en va, revient, retourne à sa serviette, sort une radio, qu’il branche sur ses lunettes. 

Dans le cliquetis des ombres, il tente de la jouer cool, et bientôt dans sa main le rossignol roucoule. 

Mais personne n’est dupe, ni le client enfiévré, qui du haut de son caleçon joue les énervés, ni les badauds moqueurs qui observent une lune flasque de son dos échappée. 

A son front une sueur coule. Qu’a-t-il donc oublié ? Il a pourtant tout essayé ! 

Dans le camping bondé, face à la fermeture éclair d’une tente rétive qui joue les mégères, le pauvre serrurier soupire, et désespère.

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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 18:13



Les tics à Nico, Mac,

manquent de vertu, c’est certain

Dans sa cité, pas de poétique

seulement la rage, et le surin

 

S’il kiffe Sophie, c’est pour ses seins

et pour le fric qu’elle lui ramène

Réalisme physique et sans morale

pas de réthorique, juste deux lames

 

Né dans la bière, entre deux joints

parfois il cause de politique

se voit gangster, juge, ou parrain

 

Mais sa triste rhétorique ne va pas loin

son pauvre monde l’a fait cynique

loin d’Aristote et les siens.

 

Les tics à Nico, Mac,

Vireront un jour à l’œdème

Et de sa maigre vie sans âme

Ne restera guère que la haine

 

Haine d’un monde sans idées

sans substance, sans essence

livré aux karcher de la logique

et de sophistes puissances

 

Triste tropisme, à l’évidence.
 

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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 23:15


Callipyge, obsédée par certaines rotondités, tomba des nues le jour fatidique où,
couvant sa nudité d’un œil d’épervier, elle aperçut, je cite, un brin de cellulite.

 

Un sculpteur en veine, pour ne pas la peiner, entrepris de rectifier ce travail trop parfait.
De leur union incisive naquit bientôt un échalas fin, élancé, défiant la gravité,
sans un gramme de gras.

 

Mais l’idée était hâtive, et pour être honnête, ne fit pas recette. Car les amoureux,
déçus des rondeurs disparues, partirent sans regrets au milieu des grottes
convoiter l’Hottentote.

 

Ainsi se plaisait à conter à la foule, goguenard, un peu taquin,
du musée d’archéologie le gardien, sous l’œil en berne et désolé
du conservateur d’une galerie d’Art Moderne désertée.
 
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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 00:00

Au bar des Entremondes, repaire des âmes acharnées, un zombie et un banshee étalaient leurs misères sur le bord du comptoir.

- Tu as une sale goule, dit le banshee. Qu’est-ce qui t’arrive ?

- C’est cette azote qu’ils mettent en terre, ça me tue les vers. Alors ça me ballonne, forcément.

- Ah.

- Et toi, quoi de neuf ?

- Bah, ils m’ont délocalisé. Il paraît que le prix de revient du hurlement était trop cher. Ils m’ont remplacé par des voix enregistrées.

- Dur. Et alors, qu’est-ce que tu fais ?

- Les annonces dans un supermarché.

- Dur.

- M’en parlez pas, dit un croquemitaine qui traînait dans leur dos. Avec la baisse de la natalité, je ne travaille plus que deux nuits par semaine. Et avec leurs jeux vidéos, pour effrayer les enfants, ça devient de plus en plus compliqué. Il faut sortir le grand jeu !

- Et ?

- Et je n’aime pas montrer mes tripes à n’importe qui. Je suis pudique moi. Du coup, je n’ai plus que les moins de trois ans à me mettre sous la dent.

- C’est vraiment la crise, renchérit le banshee. Et vous, Monsieur le Comte, comment vous vous en sortez ?

- Comme on dit dans le tourisme, c’est la saison morte, répondit une voix pendant d’une poutre au plafond. Et puis le métier n’est plus ce qu’il était. Avec les sorties en boîtes, je suis obligé de travailler en horaires décalés, c’est très mauvais pour mon teint.

- Effectivement, vous avez l’air bien bronzé, Monsieur le Comte, pouffa le zombie.

- C’est malin. Il n’empêche que les temps ont bien changé. Vous verriez ce que portent les vierges aujourd’hui, de quoi faire blêmir un mort.

- Tant que ça ?

- Vous pouvez me croire sur parole.

- Mince.
 

Un farfadet passa. Le nez dans leurs verres, les âmes perdues ruminaient leurs humeurs noires.
 

- Vous saviez que la Confédération Générale des Trépassés prévoyait une grande manifestation? Relança le banshee.

- Non, c’est quand?

- A la Toussaint.

- On aurait du y penser. Et il y aura un défilé, je suppose?

- Oui, une retraite aux flambeaux.

- Comme d’habitude quoi. Enfin, je ne veux pas dire du mal des syndicats. T’es syndiqué toi ?

- Non. Et toi ?

- Non. Et vous Monsieur le Comte ?

- J’ai eu un représentant syndical une fois. Il manquait de goût, le pauvre.

- Vous voulez dire que…?

- Qu’il avait une garde-robe du plus mauvais effet, je le crains.

- Et qu’est-ce qu’il est devenu ?

- Oh, je l’ai envoyé dans les catacombes contrôler les permis de travail des squelettes sans papiers. Je ne l’ai jamais revu.

- C’est un peu rude tout de même.

- C’est lui qui voulait défendre les os primés, non ?

- Très drôle, Monsieur le Comte. Je vois que vous gardez le sourire malgré la crise.

- Dans mon métier, c’est important.

- Au fait, quelqu’un sait ce qu’est devenu le Grand Patron ? Dit le zombie en pointant un doigt vers le sol. Il paraît que sa démission a fait un tollé d’enfer en Haut Lieu.

- Tu m’étonnes, partir avec un parachute damné alors que tout le monde se serre les côtes… Il y a vraiment de quoi se faire gentil, je vous jure.

- Enfin, c’est pas ça qui va faire bouillir la marmite. Il faut que je passe au Pôle Effroi. Ils paraît qu’ils embauchent pour le train fantôme.

- Bon courage, on croise les doigts. Et passe le bonjour à Baba.

- Je n’y manquerai pas.
 

Traînant la patte et l’air austère, le zombie sortit dans la nuit. Au bar des Entremondes, chacun reprit les méandres de ses pensées glauques, tandis qu’en Haut Lieu on s’esclaffait.
  
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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 23:30


Dans la forge défunte,

feu follet de cuivre s’éteint,

scellant le destin du maréchal

                                               (fermant)

l’air incertain, battu à froid

par la fusion de la scierie

et du frondeur de bonze


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