Etonnante étoile
brûlant au choeur de nuit
on la dirait filante
pourtant elle luit
accrochant les coeurs
comme autant de trophées
on la dirait filante
elle fait parfois traînée.
Etonnante étoile
brûlant au choeur de nuit
on la dirait filante
pourtant elle luit
accrochant les coeurs
comme autant de trophées
on la dirait filante
elle fait parfois traînée.
Sous les ors au coco
café crème
se pare, croissant
imper hâtif
laissant là
note composite
quelques miettes
une lune de miel
et un nuage de lait.
Au bord du gouffre
d'une rive à l'autre
tremblant fil de soi
tangue et bascule
tarantelle tarentule
l'araignée au plafond
ses pattes longueset fines
dansent et virevoltent
dessus le néant
brodeuse aguerrie
experte en céans
elle joue et ondule
Puis s'arrête
ses yeux globuleux
fixent sans oser
l'interruption brulante
qui vient précipiter
sa chute
Tournicotis fragile
dans l'immensité
suspendue, précipitée
s'emmêle les pinceaux
et perd le fil
la danseuse agile
Funèbre funambule
de soies sera tissé
hommage minuscule
un linceul de pensées
quant au bout du rivage
écloront sauvages
danseuses acharnées
tissant sans relâche
les filles de l'araignée.
Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters.
Les blip et les ploc, les ding et les tocs dansaient, tintinnabulaient valse sépulcrale, sous le feu lugubre de néons trop froids, et sous l'oeil clinique d’un interne de garde, aiguisant son humour avarié sur les scories de vies allongées dans des trop draps rêches.
Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters.
Et le souffle des mourants imprégnait l'air d'une humidité glaireuse et suintante que ni machines, ni aides soignants ne pouvaient empêcher, et les corps perdus, les coeurs perclus, exhalaient en silence, sous perfusion, leur douleur lancinante, tandis qu’au loin hurlait une démente.
Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters.
Et moi, moi, corps lointain, baigné de morphine, j'écoutais jouer la partition de Toussaint : morts et vivants, vivants et morts se croisant, se mêlant dans une danse macabre ;
et j'entendais crier cette équipe de nuit tentant de ranimer un déjà parti, et j'entendais mon coeur s'accrocher a la vie quand sous ma peau brûlante s'acharnait le mal dévastateur ;
et moi, spectateur attaché, je glissais sur ce combat, décharné, désincarné, boule d’ego recroquevillée, rembourrée d’opiacés éloignant la douleur… mais seul, si seul face à la nuit.
D'autres nuits ont suivies, hantées, tétanisées, emplies de fièvre et de douleurs, hurlantes et délirantes, implorant la délivrance, priant l’abdication, jusqu’à la victoire inespérée, mais cette nuit, cette nuit là,
Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters.
Hallowe'en c'était hier et me voici debout. Le temps a passé, les douleurs ont passé, reste une marque de fer, comme un fer au pied, illustrant par l’image l’amitié de passage d’un agent pathogène, envahissant et sans gêne, qui cette nuit d’octobre m’a donné avant-goût de l’enfer. Et je ne peux m’empêcher, dans l'air froid de l'automne triomphant, de sentir à l’approche de Toussaint un frisson éphémère, fantôme réplique de cette nuit particulière.
Hallowe'en garde un drôle d'air dessous les réverbères.
Bourreau des coeurs
Corps suppliciés
L’hère ottoman nie
C'est un brin de muguet
qui vire à l'aigrelet
une fragrance d'oignon
qui sans cesse tourne en rond
un nuage de tabac
stagnant, morne et froid
qui s’impose et s'étale
à coup de toux et de râles
c'est une sève discrête
mi-sucre mi-aneth
qui promène son effluve
comme un rat à l'étuve
un corps gras, aigre et sueux
plein de haine
suintant, anxiogène
des relents grailleux
un savon doux enfin
qui se pique de parfum
archipel teint d'Eden
au milieu des Krakens
qui mêlent, tentaculaires,
leurs souffreteux fumets
étouffante atmosphère
dans un nauséeux ballet
Danse approximative
dans la rame qui s'active
soudain le charme est rompu
...
l'Eden s'est perdue
contre le musc innommable
d'un quelconque improbable
Triste blase sinus accablés,
se renfrognent et se froncent
comme pour se protéger
et le coeur d'Alphonse,
et son pauvre nez.
Le cerveau lent, encombré ? Vous songez à vous en débarrasser ? Pas de problème ! Avec Brainwash et associés, en quelques heures, redonnez le sourire à vos humeurs !
Prenons en exemple un cerveau moyen, au hasard, celui de votre voisin. Voyez comme il est gris, comme il semble vulgaire, l’air meurtri et atrabilaire. C’est bien simple, on dirait qu’il déprime. Pourtant, en un tour de main, nous pouvons transformer ce triste écheveau de neurones anémiés en une bête à calcul, un ogre de pensée !
Mais comment faire me direz-vous? La chose est facile, tenez :
Prenez votre cerveau, et lavez le bien, attention aux recoins, c’est qu’il faut lessiver. Allez-y, n’hésitez pas, frottez ! Bien, Maintenant que votre cerveau est propre comme un nouveau né, étrillons le un peu, ça lui donne des couleurs. Voilà, rose comme des fesses de bébé, c’est mignon, n’est-ce pas ?
Ensuite, passons le à l’eau oxygénée, pour qu’il ne manque pas d’air. Quelques minutes suffisent, ou le pauvre sera imbibé, et pour tout dire imbuvable. Il est déjà méconnaissable !
Mais ce n’est pas fini!
Un peu de Brainwash et associés, et votre cerveau retrouve cet éclat immaculé, ce brillant sans pareil, qui vous fera le regard pétillant et la fine oreille.
Plus de questions existentielles les nuits sans sommeil, plus de dégoût immonde sur l’état du monde, plus d’angoisses chaque instant sur l’avenir des enfants, mais un esprit tout neuf, tout doux, tout vide, rutilant !
Un vrai véhicule à plaisir, un sac tout neuf à remplir, tous vos désirs à retrouver!
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Lueurs Grand Palais
soleil indigo
Paris sur le pont
se laisse embraser
d'un regard.
On s'esquisse, très effleurants
fusain fusee, sans colorant
et puis l'on s'encre a la violette
papier de Chine et vers a soi
on se sculpte, on se peint
sot, parfois on se nettoie
on gratte, on gomme,
las, la rature, et c'est la fin de l'aventure
on s'aquarelle, on s'éponge
on s'efface enfin, dans les sens
térébenthine de nos amours
papiers glacés et sans secours
bientôt ne restera de nous
que des croquis des tracés flous
alors comme pour pallier l'absence
on prend une feuille, et on recommence
Et l'on s'esquisse, on se crayonne
on commence a chauffer la gomme
de nos amours inachevés
qui resteront des traits passés.
Mal à la lettre, le point levé, en suspension
je passe en revue, à la criée,
nos inconnues, nos interdits, nos jamais pu
tout ce qui fait que l'on n'a jamais su
se dire, s'écrire, s'embrasser
sans dans les maux s'embraser
noms propres noms d'oiseaux,
bien sentis mal assortis sans à propos
tout ce qui nous pénètre et nous déchire,
nous aigrit et nous fait rire,
jaune, bavant le fiel de nos lâchetés,
de nos silences inachevés
quand dans le ciel autour de nos têtes
tourne en rond une silhouette
un jamais fait, un jamais pu, un inavoué.
Mal à la lettre, point levé, en interrogation,
je guette la ponctuation qui viendra clore,
approximative, nos maux
d'amours définitives.