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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 20:48

Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters.

Les blip et les ploc, les ding et les tocs dansaient, tintinnabulaient valse sépulcrale, sous le feu lugubre de néons trop froids, et sous l'oeil clinique d’un interne de garde, aiguisant son humour avarié sur les scories de vies allongées dans des trop draps rêches.

 

Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters.

Et le souffle des mourants imprégnait l'air d'une humidité glaireuse et suintante que ni machines, ni aides soignants ne pouvaient empêcher, et les corps perdus, les coeurs perclus, exhalaient en silence, sous perfusion, leur douleur lancinante, tandis qu’au loin hurlait une démente.

 

Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters. 

Et moi, moi, corps lointain, baigné de morphine, j'écoutais jouer la partition de Toussaint : morts et vivants, vivants et morts se croisant, se mêlant dans une danse macabre ;

et j'entendais crier cette équipe de nuit tentant de ranimer un déjà parti, et j'entendais mon coeur s'accrocher a la vie quand sous ma peau brûlante s'acharnait le mal dévastateur ;

et moi, spectateur attaché, je glissais sur ce combat, décharné, désincarné, boule d’ego recroquevillée, rembourrée d’opiacés éloignant la douleur… mais seul, si seul face à la nuit.

D'autres nuits ont suivies, hantées, tétanisées, emplies de fièvre et de douleurs, hurlantes et délirantes, implorant la délivrance, priant l’abdication, jusqu’à la victoire inespérée, mais cette nuit, cette nuit là,

Hallowe'en avait un drôle d'air dessous les cathéters.

 

Hallowe'en c'était hier et me voici debout. Le temps a passé, les douleurs ont passé, reste une marque de fer, comme un fer au pied, illustrant par l’image l’amitié de passage d’un agent pathogène, envahissant et sans gêne, qui cette nuit d’octobre m’a donné avant-goût de l’enfer. Et je ne peux m’empêcher, dans l'air froid de l'automne triomphant, de sentir à l’approche de Toussaint un frisson éphémère, fantôme réplique de cette nuit particulière.

 

Hallowe'en garde un drôle d'air dessous les réverbères.

 

 

 

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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 23:09

Mal à la lettre, le point levé, en suspension

je passe en revue, à la criée,

nos inconnues, nos interdits, nos jamais pu

tout ce qui fait que l'on n'a jamais su

se dire, s'écrire, s'embrasser

sans dans les maux s'embraser

 

noms propres noms d'oiseaux,

bien sentis mal assortis sans à propos

tout ce qui nous pénètre et nous déchire,

nous aigrit et nous fait rire,

jaune, bavant le fiel de nos lâchetés,

de nos silences inachevés

quand dans le ciel autour de nos têtes

tourne en rond une silhouette

un jamais fait, un jamais pu, un inavoué.

 

Mal à la lettre, point levé, en interrogation,

je guette la ponctuation qui viendra clore,

approximative, nos maux

d'amours définitives. 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 10:31

Il est cinq heures à ma toquante
et moi j'ai une gueule de brocante
une vraie tronche de vide-grenier
y a rien à prendre tout est à à jeter

Entre ma mine de faïence
un cadeau de tante Hortense
et les trente-trois torts étalés
qui me sillonnent le grenier

J'ai bien la trogne de l'emploi
pour jouer les filles de joie
et me vider sur le trottoir
en attendant qu'il fasse moins noir


Il est cinq heures à ma toquante
et dans ma gueule de brocante
l'envie de rien, l'envie de solder
mes encombrants et mes regrets

Tous les cadavres dans mon placard
qui me vomissent leurs idées rares
haineuses commères, facheux fachos,
qui se soulagent sur mon goulot 

Qui pissent, qui puent, qui se gondolent
et qui piétinent en farandole
l'étrange vestige de l'âcre ô Paul
Ego moisi de ses paroles


Il est cinq heures à ma toquante
et sous ma gueule de brocante
éclate, fureur phosphorescente
l'indélicate odeur de fiente

de vieux égoûts, de sueur, de rance
de tout ce qui fait mon indécence
ce que j'ai salis de mes compromis
tout ce que j'ai pris sans payer le prix

Toutes mes lachetés foutues d'avances
et tous mes achetés au silence
Tous mes mépris, toutes mes absences
Toute la fange qui me fait essence


C'est drôle comme on trouve le temps long
quand on explore ses malfaçons
c'est comme se perdre dans un grenier
sauf qu'on y trouve que des regrets

Des remords, des non-dits,
tout ce qu'on s'est créé d'interdits
de nombrilesques paravents
pour ne pas s'avouer tout ce qu'on ment
 

Bientôt six heures à ma toquante
Bientôt il sera temps que j'rentre
mettre au lave-linge mes idées sales
et me racheter une voix sociale

Retourner un peu faire semblant
de m'aimer mieux, d'aimer les gens
et t'aimer toi, qui m'aime tant
fallacieux faussaire jusqu'à l'encan 

Je ne suis qu'un con atrabilaire
Mais mon malheur c'est de te plaire. 

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 22:41

Vaguement souriante, nez dans son pull,

Marine éponge, la tête sous les étoiles (de mère)

et les pieds dans l'écume des jours

où l'ancre étiolée lentement s'étalait

de sa glace encornet sur ses souliers cirés

 

Souvenirs vareuse d'une échappée varoise

 

Oeil en trompe-lune et cul dans les dunes

Marine écluse à gros bouillons

le mauvais rosé d'une vie un peu zone

sous le regard obtus d'un cruchot képi

qui gesticule, suinte, hurle et crie

 

Triste again à Saint-Tropez

 

Néons bleutés et coeur blafard

aux angles mornes que la cellule aiguise

Marine dégrise, haleine échouée

tournoyant, pente sableuse

au banc des accusés

 

Midnight détresse

 

Festival de cannes

Promenade des anglais

sous les flashs décrépis

de soleils verts en sursis

Marine, libre, sourit

 

Nouvelle vague 

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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 17:16
Il me sourit de toutes ses dents
et déjà au loin j'entends
l'écho grave et lancinant
d'un thème au rythme océan
façon rengaine et bain de sang 

L'hymne à la mer carnassière


 
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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 00:00


On la dit blanche, pourtant elle vire au noir

 

Dans ces heures grises étiolées,

où s’égrènent en gangrène

mes aigreurs en robe du soir

je cherche un temps d’arrêt, un peu de paix

 

Roulé boulé sur l’oreiller, frustration

 

Dans les ombres qui dansent,

sous les éclats fluos d’un réveil inutile,

dans le néant futile des heures de silence

Sonne en credo l’absence imbécile

 

Même les cauchemars ont déserté

 

Bientôt l’aube va se lever

sur mes paupières encore dressées,

et je ferai apparence, traversant

à pas rances des couloirs trop étroits

 

J’ai l’humeur macadam pour un jour sans éclat

La suie dans les idées, le sourire bitumeux,

le brouillard dans la voix

Et malgré la pelisse, entre chien et loup, j’ai froid

 

Cette nuit me nuit, tu n’es plus là
 

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 00:00


En temps de crise, il faut savoir se recycler. Poète d’entreprise, voilà une belle idée.
Il y a tant de belles manières d’assurer des licenciements de qualité.
 

- Vaudeville :

   Je vous y prend Jean-Pierre, sur le copieur les fesses à l’air. 
   
Il ne vous est jamais venu à l’idée que cette machine m’était aimée ?
   C’en est trop, vous êtes licencié !

 

- Dramatique :

   Las, le service comptable a sombré, déjà sonne à nos portes l’écho glacial des huissiers.
   Mon cher Hubert, après toutes ces années, je pleure de devoir vous remercier.

 

- Poétique :

   Quittons-nous sans à coup Pierre-Henri,
   La société vous avez bien servi
   Mais il n’est de bons amis qui ne se séparent
   Quand à l’automne l’aube est noire

 

- Nouvelle vague :

- Dis, tu l’aimes ?
- Qui ?
- Ta société.
- Oui
- Et ton Chef, tu l’aimes ?
  Et tes collègues, Tu les aimes tes collègues ? 
  Et la machine à café ? Tu l’aimes la machine à café ?
- Oui
- Et si tu devais t’en séparer ?

 

- Ubuesque :

   Merdre, les chiffres ont encore explosé. Va me chercher la machine à décerveler,
   J’ai des coupes franches à faire dans les rangs, les bourses ont fait chou blanc.


- Apocalyptique :

   Et dans le neuvième cercle où se rangeaient les coupons, l’on entendit vrombir les tampons,
   des marques du seigneur consacrés, qui criaient : vous êtes viré !


Je crois que je viens d’inventer un savoureux métier. Certes il est un peu louche, mais à coup sûr on fait mouche.
Et le plus important : à la fin des renvois, je touche !
 

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 00:00

Comme un air de rien au bord du petit bain,
j’ai l’impression de toucher le fond.

 

L’absence au bord des lèvres, l’esprit fumeux de l’embrouillé,
j’essaie de tricoter en vain une histoire à dormir debout.
Mais tari l’esprit s’encroûte, le verbe pâteux et empoté,
et partout le doute m’envôute.

 

A force de nuits ravagées, entrecoupées de lièvres tictaquant,
courant partout comme pour me dénoncer « il est trop tard »,
j’ai fini par sombrer dans l‘amer, songe désert au vent bâtard.

 

Sur le quai du lendemain, j’attends en vain le prochain train de mes pensées.

 

Pas de bol, c’est la grève.

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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 00:00
Moi qui vis dans l'onirique

parfois j'ai l'affliction qui rebique.


Devant la fenêtre magique

où s'étiolent en panégyriques

en vrac, célébrités anémiques

et pourfendeurs d'esprit critique


je rêve, le sourire citrique,

du jour où Barbie tue Rick.
 
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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 00:00
Blouse blanche et lunettes noires, c'est un rocher bien incertain. L'aérodrome à mouches luisant sous les néons, voici Nimbus qui papillonne craie à la main.

"Je vais trop vite, pas assez vite, je dois répéter?"

La rengaine bourdonne devant les yeux vitreux des collègues effondrés. Au creux du silence imposé, des mots discrets naviguent de table en table, précieux et ridicules instants de vie flottant entre le vide et l'infini. Cycle sans fin.

Après deux heures d'initiation à la sagesse aux jambes interminables, cadeau inestimable de la nation à ses enfants, le choc est rude. Comme si, dans le vortex équationnel, le temps s'était pendu d'ennui. Où sont donc passées les heures heureuses à chercher, comprendre, communiquer? A ce stade du désert intellectuel, n'importe quelle oasis fait rêver.

Note à ego : penser à vermifuger le rasta, il recommence à se gratter.

Entre chiffres et lettres, les barreaux se ressèrrent.

"Prenez du papier millimétré, et tracez une courbe asymptotique sur repère orthonormé."

Révélation, révolution, question : "A quoi ça sert, en vrai?" 

Cataclysme, déchirement, stupeur et tremblements, fusion en chaîne au coeur du réacteur, la réalité de Nimbus s'est effondrée devant l'effronté. Dans le trou noir naissant s'engouffrent à la volée sophismes de passage, argumentaires tronqués, raisons peu nécessaires mais très suffisantes, puis le retour de l'autorité.

"Rien à comprendre, tout à apprendre, je dois répéter?"

Retour donc au rien absolu, au néant. C'est un constat désespérant : le logarithme, on n'y peut rien.


C.Q.F.D. 
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