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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 00:00
Aux côteaux d'Albion, foyers de calcaire au charme isolé, un manchot, un jour, s'était posé.

Mouettes et goélands, railleurs patentés, se plaisaient à moquer d'un ton gouailleur :
"V'la-t-y-pas Monsieur l'Empereur! Bonjour votre Sainteté. Il fait beau temps à Sainte-Hélène?"

Lui restait stoïque, et soucieux de s'intégrer, chaque jour à 17 heures, sur la corniche prenait son thé.
Tel flegme dérangeait les insulaires, quel toupet cet étranger! Et de la haute à la basse cour, tout le monde lâchait
fiel et guano sur le nouvel arrivé. Le manchot, lui, continuait à nidifier, et chaque jour, à 17 heures, sur la corniche
prenait son thé. 

Puis le temps se mit à changer. Les douces bises devinrent gelées, et bientôt l'on vit dériver sur les flots,
disputant aux falaises leur beautés, d'immenses blocs glacés. Les oiseaux tinrent conseil, l'étranger excepté,
et devant le froid qui s'annoncait, la famine qui menaçait, décidèrent de migrer.

Tous, sauf l'oiseau qui ne savait pas voler.

Sourire au bec, sur sa corniche, l'empereur regardait s'éloigner les oiseaux affolés. Il serait bientôt 17 heures,
et sur les flots désormais gelés, ses cohortes allaient débarquer.

L'horreur boréale pouvait commencer. 
 
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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 00:00


Approchez, approchez, mesdames et messieurs, et venez admirer les lots de première fraîcheur !

Il est beau, il est élégant, c’est un prince de sang, un tortionnaire de premier rang. Regardez donc ses dents !
Vingt-quatre carats messieurs dames, un sourire inébranlable !

Il ne vous convient pas, vous paraît trop surfait ? Très bien, passons au suivant.

Un modèle plus traditionnel, militaire, évidemment. Un fou de guerre, qui passe son temps à traquer le bouton rouge
pour éliminer les rouges, les jaunes, les petits et les grands, les envahisseurs et les ennemis de l’intérieur.
Croyez moi, il lave plus blanc que blanc !

Toujours pas ? Je vois que vous êtes connaisseurs. Laissez moi alors vous présenter mon meilleur lot, je sais que vous allez
apprécier. C’est un exemplaire unique, mesdames et messieurs, attention. Roulement de tambour, Gégène,
amène le phénomène !

La foule : Oooh !

Non vous ne rêvez pas mesdames et messieurs, vous avez devant vos yeux ébahis un véritable républicain,
un amateur de démocratie ! Et c’est un expert qui vous le dit, avec celui-là, vous ne serez pas déçus :
il accole, il enjôle, il sait même faire des promesses ! Elévé au grain dans les meilleures écoles !

La foule : c’est combien ?

Cinq ans, messieurs mesdames, et ça les vaut bien ! Renouvelable une fois, sur plébiscite, évidemment.

La foule : On le prend.

Et vous faites bien ! Gégène, prépare pour ces gens un joli scrutin, avec ruban !
(A part) J’ai bien cru ne jamais pouvoir me défaire de ce fieffé benêt. C’est que ces crétins sont de plus en plus exigeants. 
(A la foule) Revenez me voir régulièrement, j’ai toujours les meilleurs crus !

Gégène, viens par ici. Va me chercher un autre de ces abrutis au parlement le plus proche. Et s’il te plaît,
prends le un peu moins charismatique, le dernier commençait à déteindre sur mes meilleurs sujets.
Il ne faudrait pas que ce genre d’idée se répande, ça tue le commerce. Mais file vite, je vois un car de touristes anglais
qui approche : la vieille a dû décaniller, je vais essayer de leur refourguer de l’empereur.

Come here, ladies and gentlemen, come and admire the best choice ever !

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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 00:00

C’est à cette heure malhonnête où, l’œil hirsute et le poil vitreux, le banlieusard s’en vient gagner quelque pitance
au maquis parisien, que prend place un étrange ballet. En essaim, en cohorte, elles surgissent dans les rues ensommeillées,
courent, virevoltent, se posent un instant, avant de s’égayer à la croisée d’un boulevard résistant et d’une avenue générale.

La vision est fugace, à peine effleurée, et déjà les voilà parties.

Oui mais entre temps les rues ont fleuri, de petites notes aux pare-brise ont poussé. Et qui de sa berline,
qui de son 4x4 pestera dans quelque instant, découvrant le cadeau impromptu. Alors viendront les noms d’oiseaux,
au belles de nuit apparentés.

N’en déplaise aux conducteurs énervés, ces sylphides sont pour moi, et resteront,
dans le chant de Paris les dames aux papillons.
  

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 14:14

Père occis de       fer 
                                    Luisant

Clore aux hydres, 

hâte de potache   homme

L’éther aux         aunes
 

Car bon hydre

aux gènes 

aussi, gène
                 Ah, zot !


C’est la vie…

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 00:00
J’aimais tant ces nuits assassines où tu me tuais à coups de mots

Quand nos épîtres acides crachaient le fiel de nos égos

Aux heures blêmes ou, lucide, tu m’attaquais d’un traître flot

De mesquineries tendres et arides, qui me collaient la rage au dos


De nos venimeuses cursives naissaient bien sûr curieux échos

Combattus à coup d’esquives, de peur d’emmêler nos défauts

Il a trop plu sur nos sévices, délavés par des demi - mots

On a fini, drôle de supplice, par s’apprécier sans dire de maux


Si ce soir j’avoue mon crime, de te haïr à contrario

C’est la douleur qui m’anime de te voir à l’échafaud

Prête au sacrifice, et digne, pour un quelconque hidalgo

Qui t’a mise dans l’abîme à grands coups de trémolos


Puisque nos nuits assassines sont condamnées au caveau

Je veux faire, ma sublime, pour ton cœur dernier cadeau

Que renaisse au feu infirme, la fureur de tes brulôts

Et qu’il en soit la victime, sera là mon dernier mot.


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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 15:25

Courons aux paradis fiscaux échapper à l’impôt

Criait un créancier triste et solitaire

La mallette chargée de prêts hypothécaires

Dans les couloirs usés d’une zone aéroportuaire

 

Levant des yeux de chouette de son canard libéré

Tout récemment chipé à un bobo en goguette

Se prit à sourciller l’idiot poète

Sur quelle drôle de planète avait-il donc échoué?

 

Panique à Reykjavik titrait gras l’imprimé

Ne prenons pas de risque se dit-il en secret

Allons vers le Mexique lever toute une armée

De poètes exotiques aux rimes épicées

 

Nous reviendrons ensuite glorieux et panachés

Prendre la république, refonder les marchés

Gageant la rime riche, somptueuse et raffinée

Comme monnaie unique de nos rêves échangés

 

Tout à son onirique, il n’avait remarqué

Sous couvert de panique le triste financier

Plusieurs assurances - risque lui avait refourgué

Et en guise de cadeau, un appeau à corbeaux

 

Tant pis pour le Mexique, dit le poète idiot

Laissons donc à Zurich notre banquier manchot

Et ses bourses hémophiles, il me reste les mots

C’est un trésor de guerre qui vaut tous les lingots

 

Et tandis qu’hommes d’affaires s’en allaient empressés

Le poète idiot, terre à terre, s’éprit à contempler

La belle hôtesse de l’air qu’il comptait aborder

Par quelque phylactère très savamment pesé

 

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24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 23:45

Qu’il est fort, qu’il est beau, quel est cet animal ?

C’est un tigre de salon, un félin peu banal


Sa griffe il est vrai est un peu radicale

Mais il est au logis compagnon idéal

Quoiqu'à ses heures il soit un peu vandale


Il semble en effet bandit bien amical

C'est que, pour lui, l'entente est proverbiale 

Tenez, écoutez donc un peu son chant guttural



Mais enfin quelle ardeur, mangerait-il du cheval ?

Que nenni très chère, il est élevé au PAL. 

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23 octobre 2008 4 23 /10 /octobre /2008 12:47

Comme c'est beau de l'air

Sur ta peau linéaire

Ah, qu'il est ton rein beau 

Clamait le père Hugo



Au pied de la fontaine

Je suis bien mal armé

Pour te toucher vers l'aine

Devant monsieur l'abbé



Fuyons vers le pré vert

Ne prenons pas racine

Et entonnons ces airs



Que mon coeur est vaillant

Allons viens là Martine

Jouons aux saints amants



Ainsi claironnait sous postiche, le poète idiot enfiévré

Pour la belle potiche qu'il comptait subjuguer

Bien mal lui en prit, quand il se fut révélé,

La belle ne sut que pouffer : "bah quand j'la vu, j'a ri"
 
 

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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 23:39

 

Dans les vapeurs d’une jonque ténébreuse de Taipei

Il gît, l’œil vitreux, éblouissant, dans de mous duvets

A son front perle, écarlate, la sueur d’un rêve enfiévré

Que vient parfois, d’une main moite, une servante éponger

 

Chevauchant le dragon rouge, l’esprit vient accrocher

La lueur d’une veilleuse aux arêtes du passé

Et dans l’encre qui l’étouffe le rêveur ne peut cesser

De sentir cette icône à son âme accrochée

 

C’est l’éclat d’une voix tendre qui le fait transpirer

Dans la torpeur de la soie, lors qu’il voudrait oublier

La douceur occidentale, le cœur perdu, assassiné

Celle qui l’a mis en cavale, et ne le laisse reposer

 

Geignant dans son angoisse, une main flasque étalée

Il appelle la servante qui vient le soulager

D’une bouffée de mort lente à joues maigres aspirée

Il replonge en tourmente de douleurs hallucinées

 

Dans les vapeurs d’une jonque ténébreuse de Taipei

Gît cet homme, l’âme absente, et le corps pétrifié

Dans son poing enchâssé, un bâtonnet brisé

Comme un augure le hante, mauvaise fortune avérée.

 

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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 23:42

Allons ma gourmandine, viens t’en dans ma cuisine

J’y ai pour t’appâter quelques menus secrets

J’ai beau n’être qu’homme, je ne peux m’empêcher

De me sentir tel l’ogre l’envie de dévorer

 

Tes précieux yeux d’amandes, et leurs marrons glacés

Et tes lèvres marmande, et ton cou raffiné

Nos corps crient à famine, mettons nous au pétrin

Roulons dans la farine au moins jusqu’à demain

 

Je te sais bonne pâte, mais je te sens frémir

Rapprochons nous de l’âtre, laissons nos sangs bouillir

Avant que nos amours de douceurs rassasiés

Retombent au creux du four comme de vieux soufflés

 

Mais j’entends, il arrive, les pas de ton aimant

Que peut vouloir l’endive, le triste condiment ?

« Je viens chercher ma femme, rendez-la maintenant

Où je sonne l’alarme, et vous rentre dedans »

 

Le bougre à la dent dure, tenons nous là cachés

Au pied des confitures, tous nus dans le cellier

A l’abri de l’impur, nous pourrons bien siéger

Survivant de luxure, et de baisers sucrés

 

Et ton triste cocu peut bien tambouriner

Ma mie je suis ému à l’idée d’honorer

Et ton cœur, et ton cul, là dans l’obscurité

La cuisine est ardue, mais c’est un beau métier.

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