Allons ma gourmandine, viens t’en dans ma cuisine
J’y ai pour t’appâter quelques menus secrets
J’ai beau n’être qu’homme, je ne peux m’empêcher
De me sentir tel l’ogre l’envie de dévorer
Tes précieux yeux d’amandes, et leurs marrons glacés
Et tes lèvres marmande, et ton cou raffiné
Nos corps crient à famine, mettons nous au pétrin
Roulons dans la farine au moins jusqu’à demain
Je te sais bonne pâte, mais je te sens frémir
Rapprochons nous de l’âtre, laissons nos sangs bouillir
Avant que nos amours de douceurs rassasiés
Retombent au creux du four comme de vieux soufflés
Mais j’entends, il arrive, les pas de ton aimant
Que peut vouloir l’endive, le triste condiment ?
« Je viens chercher ma femme, rendez-la maintenant
Où je sonne l’alarme, et vous rentre dedans »
Le bougre à la dent dure, tenons nous là cachés
Au pied des confitures, tous nus dans le cellier
A l’abri de l’impur, nous pourrons bien siéger
Survivant de luxure, et de baisers sucrés
Et ton triste cocu peut bien tambouriner
Ma mie je suis ému à l’idée d’honorer
Et ton cœur, et ton cul, là dans l’obscurité
La cuisine est ardue, mais c’est un beau métier.