Dans les vapeurs d’une jonque ténébreuse de Taipei
Il gît, l’œil vitreux, éblouissant, dans de mous duvets
A son front perle, écarlate, la sueur d’un rêve enfiévré
Que vient parfois, d’une main moite, une servante éponger
Chevauchant le dragon rouge, l’esprit vient accrocher
La lueur d’une veilleuse aux arêtes du passé
Et dans l’encre qui l’étouffe le rêveur ne peut cesser
De sentir cette icône à son âme accrochée
C’est l’éclat d’une voix tendre qui le fait transpirer
Dans la torpeur de la soie, lors qu’il voudrait oublier
La douceur occidentale, le cœur perdu, assassiné
Celle qui l’a mis en cavale, et ne le laisse reposer
Geignant dans son angoisse, une main flasque étalée
Il appelle la servante qui vient le soulager
D’une bouffée de mort lente à joues maigres aspirée
Il replonge en tourmente de douleurs hallucinées
Dans les vapeurs d’une jonque ténébreuse de Taipei
Gît cet homme, l’âme absente, et le corps pétrifié
Dans son poing enchâssé, un bâtonnet brisé
Comme un augure le hante, mauvaise fortune avérée.