Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 00:00

16 ans sur ses guiboles, Anatole aimerait être branché, hype, regard en coin, sourire Biactol. Oui mais voilà, y a un problème chez Anatole, il sait pas faire son people. Quand il essaie la mousse coiffante, le gel, il a pas le truc. En soirée, il met de la laque pour éblouir les filles, mais il les aveugle tellement il brille. Il a tenté la mousse, c’est sympa, mais ça se croise mal avec le cheveux gras. Il sait pas faire Anatole, il a pas de bol.

Pourtant il aimerait bien avoir l’esprit, être fashion, tendance trendy. Mais quand il va traîner dans les boutiques à Paris, il a beau faire, il ressemble à rien. L’autre jour il a tenté le Slim pour faire bien. Dans le miroir, en face de lui, y avait quelque chose de kafkaïen.

Alors il passe ses samedis soir dans le salon, à engouffrer des cornichons pendant que ses potes du lycée vont draguer. Et sa mère de lui demander : t’a mangé ton pain au chocolat ? Pendant qu’il explore d’un doigt gras une cavité nasale, vautré devant Canal. C’est plein de vitamines d’enfer, même s’il est pas sûr qu’il y ait des vitamines en enfer. Ou que l’enfer, ça ne soit pas son salon, ou sa vie, ou son lycée.

 

Pourtant c’est pas un loser Anatole, il a une vraie personnalité, comme on dit dans « Nouvelle idole ». C’est vrai que ses amis, c’est pas des amis, c’est des voisins. Mais ils ne comprennent rien.

Comment leur expliquer que ce qui le fait tripper, lui, quand ses parents sont partis, c’est de se faufiler dans la chambre et d’aller essayer les costumes de son père ? Avec la raie à gauche il a le regard fier, il se sent tellement bien. Ça lui arrive même en douce d’écouter du Chopin, en lisant le Figaro. Mais si on le savait il serait définitivement grillé. Déjà que les filles lui rient au nez.

 

Alors il attend Anatole, il attend le jour où, sortant de sa grande école, il pourra mépriser, méchu et diplômé, tous ces mômes qui l’ont charrié. Et à il aura gagné : gagné le droit d’être aussi fat que ses compères, aussi bas que ses confrères, aussi con que ses parents l’auront élevé. Vautré devant la télé, Anatole attend la réalité.

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Il était temps on a failli attendre !<br /> J'aime beaucoup la dernière phrase, jolie chute, en quelques mots.
Répondre