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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 17:44

Comme un goût d’égoût dans l’asphalte, j’ai le périph’ qui flanche.

 

Sous les néons vibrants d’une molle tiédeur, la laideur fanée du gestionnaire de risque baillant dans son costume lycra m’ennuie. Le pépiement aigri de la gestionnaire de paie, les seins flapis coulant sur les sièges, me strie. La morne platitude de l’étudiant imbécile, contant à coup de ah ouais ses exploits virils visionnés la veille sur un DVD de papa, m’écoeure.

 

Vade metro polis, la cité m’aigrit.

 

Et puis te voila. Chaque jour pareille, chaque fois différente, toujours indifférente. Tantôt brune, tantôt blonde, ou rousse flamboyante, minuscule oisillon ou gazelle rayonnante, toujours impressionnante. Tes regards sont incertains, toujours prêts à divaguer, dans la rame, sur les murs, les affiches placardées. Ou tel un rongeur affairé, dans un polar plongés.

Entomologiste de l’œil de biche, j’aime à les chasser, ces regards, rien qu’un instant, dans une fraction intime, les capturer. Puis te laisser aller, fière et lointaine, vers la vie que tu t’es créée.

 

Parler, t’aborder ? Qu’aurions-nous donc à échanger, coincés entre deux joueurs de violons, entre deux stations, entre la gare du nord et la porte de Brancion ? Non, plutôt rêver. Et dans le demi-sommeil qui chaque jour m’anime, au quai des transits interurbains, rendre hommage, sans façon, et pour reprendre la chanson (merci Georges) à toutes ces belles passantes, qui égaient mes pensées.

 

Cette ville est laide, c’est vrai, mais qu’elle est bien habitée.

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