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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 00:00

Elle vivait un empire brûlant d'obsolescence
et ses yeux de saphir brillaient de décadence
quand aux petits salons elle faisait allégeance
à de vulgaires barons bardés de suffisance.

Lui n'était qu'un brave, un laquais pudique
et son regard trop slave rêvait de République
A ses heures libres, en bon révolutionnaire
il compulsait les livres de grands pamphlétaires.

Mais les soirs anxieux, de sous les fenêtres
il guettait haineux la valse des traîne-guêtres
qui à sa noble aimée venaient faire outrance
et mouillait le pavé de ses pleurs, en silence.

Une nuit, cocardier, alors qu'il était ému
le coeur enfiévré, sans doute d'avoir trop bu
il s'éprit d'aller contre sort conquérir la belle
et s'en fut à l'aurore pénétrer son hôtel.

Funeste dessein, car pour son grand malheur
au salon byzantin la belle jouait l'artilleur
avec un maréchal bouffi et rougeaud
qui dans le râle soufflait tel un veau.

Le pauvre enfant, lui qui était bleu de coeur
à cette vue devint blanc, puis vit rouge
se jeta sur l'emmédaillé, ivre de fureur
s'emmêlant les pieds aux tapis de ce bouge

pour s'effondrer, d'un coup de tisonnier
administré par la belle, rageuse, échaudée 
d'être en pleine bagatelle ainsi importunée
par un roturier, pue la sueur, sans deniers.

On eut tôt fait, pour son bien, d'étêter le vilain.
Au procès, l'air éteint, il se prostra, ne dit rien
mais à l'heure du couperet, montant sur l'échafaud
il lâcha l'air distrait : aimer, quel vilain mot.

La belle, quant à elle, reprit ses activités
dans les ors, les dentelles, la haute société
Parmi les ducs libertins, les comtes, les abbés
sévit tant et si bien, qu'elle finit vérolée.


Triste histoire en vérité :
à aimer sans classe, on y perd la tête,
mais à coeur de glace, brève est la fête.









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